L'EGLISE DES RECOLLETS
Depuis l’incendie qui a ravagé l’église des Récollets le vendredi 17 mars 2023, l’avenir de ce monument historique est au cœur des débats. Alors que la Ville de Binche a annoncé sa démolition, des voix s’élèvent pour dénoncer une décision précipitée et appeler à une sauvegarde réfléchie de ce bâtiment chargé d’histoire.
Érigée entre 1707 et 1767, l’église des Récollets trône depuis des siècles à l’angle de l’avenue Charles Deliège, au carrefour du centre-ville de Binche. Bien que son architecture extérieure paraisse austère, l’édifice recèle des trésors hérités du passé, notamment des éléments provenant de la chapelle du Palais de Marie de Hongrie.
Cependant, malgré son importance historique, l’église a été laissée à l’abandon par ses propriétaires et les autorités locales. Depuis des années après son incendie, le bâtiment est grand ouvert, livré aux intempéries et à une lente dégradation. Cette négligence interpelle : comment un tel monument a-t-il pu être relégué à l’oubli ?
Un incendie qui ravive les tensions
L’incendie de mars 2023 a causé des dégâts importants, mais les rapports d’experts montrent que l’église a mieux résisté que ce que l’on aurait pu craindre. Les voûtes ont tenu bon, empêchant l’effondrement de la charpente de compromettre la structure. Les façades, bien qu’affaiblies, demeurent intactes, et aucune fissure majeure n’a été relevée.
Malgré ces constats, la Ville de Binche a opté pour la démolition, évoquant des questions de sécurité publique. Cette décision suscite l’indignation des défenseurs du patrimoine, qui dénoncent une approche simpliste et un manque de vision à long terme.




DES SOLUTIONS POUR EVITER LA DEMOLITION ?
Des mesures techniques telles que la pose d’une charpente temporaire et de tirants stabilisateurs pourraient suffire à sécuriser le bâtiment. De plus, une toiture métallique, cofinancée par la Ville et la Région wallonne, permettrait de garantir la stabilité à long terme pour un coût estimé à 300 000 €.
"Notre patrimoine brûle, et nous regardons ailleurs", déplore le président de l'association.
"Cet édifice est un témoin essentiel de l’histoire de Binche, et sa démolition représenterait une perte irréparable."
Un problème qui dépasse Binche
Le cas de l’église des Récollets n’est pas isolé. Partout en Wallonie, des trésors patrimoniaux disparaissent sous nos yeux, victimes d’une gestion insuffisante et de politiques incohérentes. La perte d’édifices historiques, de Tournai à Verviers, est devenue un constat quotidien, suscitant frustration et colère parmi les citoyens.
À Binche, le choix de la démolition reflète, selon les critiques, une gestion à court terme, négligeant l’importance culturelle et identitaire du patrimoine local. "Les élus ont depuis trop longtemps privilégié des solutions faciles, abandonnant leur rôle de garants de notre conscience patrimoniale commune", affirme Communauté Historia.
Un appel à l’action et à la réflexion
Face à cette situation, Communauté Historia appelle à une mobilisation rapide pour sauver l’église des Récollets. L’association demande la sécurisation des parties hautes de l’édifice, la protection des éléments de mobilier encore présents, et une réflexion sur la réaffectation des lieux.
"La question de la réutilisation des anciens lieux de culte doit dépasser le cadre de Binche. C’est un débat qui concerne toute la Wallonie", insiste l’association.
Un sursis pour l’église des Récollets ?
Alors que les autorités locales maintiennent leur position en faveur de la démolition, Communauté Historia annonce qu’elle contestera toute tentative de déclassement ou de destruction devant le Conseil d’État. "Nous ne pouvons accepter qu’un tel monument disparaisse sans une véritable réflexion sur son avenir", conclut Virgil Declerq.
Depuis trop longtemps, l’église des Récollets a été livrée à elle-même, et aujourd’hui encore, le bâtiment reste à l’abandon, sans protection contre les intempéries ou les dégradations. Pourtant, cet édifice représente bien plus qu’un simple bâtiment. Il incarne une part de l’histoire et de l’identité de Binche. Reste à savoir si les décideurs prendront la mesure de cet enjeu et choisiront de préserver ce patrimoine précieux pour les générations futures.