L'EGLISE ST-BASILE, Charleroi
L’Asbl Communauté Historia a pris connaissance le 28 avril dernier d’un projet de démolition de l’église Saint-Basile de Couillet (Charleroi).
Cet édifice religieux de style néo-gothique possède en son sein un orgue classé considéré, tout comme l'église comme, "remarquable" dans un rapport rendu par la Commission royale des monuments site et fouilles en 2005. Ce rapport conclut d'ailleurs sur " l'église Saint-Basile doit être restaurée et sauvegardée afin que les générations à venir survive l'unique témoin de cet illustrre que fut Basile Parent." Malgré cela, et l'intérêt certain pour son mobilier et ses décors peints, la commune de Charleroi a déclaré qu'elle n'avait d'autre choix que de procéder à sa destruction.




DÉMOLIR POUR DES PARKINGS ?
Malgré nos demandes répétées de rencontrer les autorités locales, force est de constater l’entêtement persistant de la Ville de Charleroi, qui continue de privilégier la démolition au détriment de la sauvegarde de son patrimoine religieux. Alors que les deniers publics s’investissent à coups de millions dans des projets discutables, rien ou si peu n’est consacré à la valorisation du patrimoine bâti existant.
Nous exprimons donc notre opposition totale à la démolition de cet édifice religieux. Il est grand temps que la Ville assume la responsabilité de son héritage architectural et qualitatif, afin de le transmettre aux générations futures. Un dossier de classement a été introduit auprès de la Ministre du Patrimoine culturel, Valérie De Bue, et une pétition citoyenne a été lancée en parallèle pour mobiliser la population.
UNE ANNULATION ARDUE MAIS VICTORIEUSE
Grâce à l’intervention de l’ASBL Communauté Historia, le premier permis de démolition a pu être annulé. Cette décision confirme que le projet était illégal et hors délais, renforçant ainsi nos arguments de fond : la Ville ne peut agir en dehors du cadre réglementaire, ni ignorer ses obligations en matière de conservation patrimoniale.
Néanmoins, cette victoire reste fragile. Nous craignons désormais que la Ville de Charleroi ne redépose une nouvelle demande de démolition, sans imagination ni ambition, motivée par une « flemme » institutionnelle de concevoir un projet respectueux du patrimoine autre que de banals parkings.
UN PROBLÈME DE TAILLE À CHARLEROI
Depuis plusieurs années, l’ASBL dénonce la politique systématique de démolition menée par la Ville. À Charleroi, le patrimoine religieux est jugé encombrant : il est rasé, déconstruit, effacé, même lorsqu’il présente un intérêt architectural, historique ou citoyen.
Ce choix délibéré de détruire plutôt que de reconvertir traduit une politique assumée mais profondément problématique. Hier, nous dénoncions la démolition illégale de l’église de Lodelinsart ; aujourd’hui, nous condamnons le projet de démolition de l’église de Couillet ; demain, nous devrons sans doute nous opposer à celles annoncées pour l’église de Charleroi Nord (Saint-Éloi) et Saint-Joseph.
L’église de Couillet constitue pourtant un jalon essentiel de l’histoire industrielle de la région. Construite entre 1865 et 1867 à l’initiative de Basile Parent, grand industriel du chemin de fer en Belgique et en France, elle est l’œuvre de l’architecte Auguste Quinet, qui lui donna un style néo-gothique caractéristique de l’époque. Ce monument illustre à la fois la prospérité industrielle de Charleroi au XIXᵉ siècle et son ancrage spirituel et communautaire.
STOPPER LA FUITE EN AVANT
Nous appelons aujourd’hui la majorité communale, emmenée par son Bourgmestre Paul Magnette, à cesser cette politique de table rase. L’exemple de l’église d’Usinor à Denain, en France, montre qu’une reconversion sociale et culturelle est possible, même lorsqu’un bâtiment religieux semble au bord de la ruine.
Partout en Europe, des projets exemplaires de reconversion se multiplient : églises transformées en bibliothèques, en salles de concert, en espaces communautaires ou culturels. Ces lieux deviennent alors des instruments socio-dynamiques, sources de résilience et de durabilité, au service de la mémoire collective et du bien-être des citoyens.
Charleroi doit cesser de voir ses églises comme des obstacles et commencer à les considérer comme des ressources pour l’avenir. Une nouvelle fonctionnalité est toujours possible ! Détruire pour construire un parking, c’est condamner le passé, gaspiller des ressources et refuser d’imaginer un futur respectueux de l’histoire et des habitants.
Ces édifices sont les témoins de notre mémoire et les marqueurs de notre identité collective. Ils méritent d’être préservés, réinvestis et transmis, et non sacrifiés sur l’autel de la facilité et de la spéculation à court terme.
