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PLACE DU MARTYR 

À Verviers, le patrimoine architectural peine à être respecté et mis en valeur, tandis que des projets de promoteurs immobiliers continuent de le menacer. Un nouveau dossier suscite l’inquiétude en Cité lainière, notamment à l’angle de la place du Martyr, où la maison remarquable du numéro 59, surnommée "Le Carré", ainsi que ses deux voisines situées aux numéros 57 et 55, sont en danger de démolition. Rachetées par la société privée Unibox, celle-ci prévoit de raser ces bâtiments pour y ériger une construction contemporaine abritant 13 appartements sur les étages et une surface commerciale au rez-de-chaussée.

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Finalement, l’ASBL Communauté Historia est parvenue à obtenir une révision du projet immobilier initialement prévu, beaucoup moins agressif qu’annoncé. Toutefois, cette victoire demeure partielle et amère. Si l’immeuble conçu par l’architecte Émile Burguet a pu être sauvé et rénové, le bâtiment voisin à colombages n’a pas bénéficié de la même attention : il a été entièrement démoli. Cette opération a révélé une ossature remarquable du XVIIᵉ siècle, témoin précieux du savoir-faire vernaculaire belge, mais celle-ci a été purement et simplement jetée. L’édifice a ensuite été reconstruit en béton, avec isolation en polyuréthane, effaçant toute authenticité et condamnant un pan de la mémoire constructive locale avec l’aval des autorités communales.

Soutenu par l’échevin Breuwer, le promoteur a ainsi pu imposer son projet, malgré l’opposition d’associations patrimoniales et d’habitants attachés à l’histoire de Verviers. Face à cette situation, l’ASBL Communauté Historia a décidé d’intervenir en ouvrant un dossier de sauvegarde pour protéger les bâtiments des numéros 57 et 59 de la place du Martyr.

Un état des lieux réalisé le 31 mars 2021 avait pourtant permis de dresser un constat clair. « Si les maisons sont abandonnées depuis deux ans, elles sont encore en bon état. Rien ne justifie leur démolition », rappelait alors Virgil Declerq, président de l’ASBL. Le bâtiment du numéro 59, datant du XVIIᵉ siècle, présentait un travail d’ornementation soigné et une façade à colombages remarquable. Malgré quelques problèmes d’étanchéité au niveau de la toiture, son état général ne justifiait en rien une destruction.

De même, l’immeuble conçu par Émile Burguet, bien que présentant des craquelures de façade et certains défauts de toiture, constituait une œuvre architecturale d’intérêt majeur, porteuse de l’identité urbaine de Verviers.

Afin de sensibiliser la population et de renforcer la mobilisation, l’ASBL avait entrepris de demander l’inscription des trois maisons sur la liste de sauvegarde et de lancer une pétition. « Quand on habite dans une ville historique, on ne peut pas détruire ainsi son patrimoine. Autrement, il faut aller habiter à Louvain-la-Neuve. Verviers est l’une des seules villes de la région à posséder autant de façades à colombages », insistait Virgil Declerq.

Pour l’association, ces maisons constituaient des éléments essentiels du patrimoine verviétois. Leur authenticité et leur valeur architecturale, notamment la façade à colombages, justifiaient pleinement leur préservation. Si le sauvetage de l’œuvre de Burguet reste une avancée, la démolition et la reconstruction en béton du bâtiment vernaculaire marquent une perte irréversible de mémoire, d’authenticité et de savoir-faire traditionnel.

©Communauté Historia

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